Vivre en expatriation et veiller sur ses proches âgés :
Problématiques et solutions pour les expatriés

Dans cet article, nous aborderons les défis auxquels font face les expatriés ayant des proches âgés en France, les problèmes qu’ils rencontrent, les sentiments auxquels ils sont confrontés, et les solutions disponibles pour maintenir un lien et assurer le bien-être de leurs proches malgré la distance.

Nous verrons comment anticiper, et faire un maximum de prévention pour que nos proches vieillissent dans les meilleures conditions. Nous verrons également les solutions pour vous faire accompagner et déléguer l’accompagnement de votre proche âgé.

Nombreux sont les expatriés qui laissent un proche âgé en France.

Les expatriés français sont nombreux, on compte près de 1 700 000 français enregistrés, mais l’inscription au registre des français établis hors de France n’étant pas obligatoire, on estime à 2,5 millions le nombre de français établis hors de nos frontières.

48% d’entre eux ont plus de 41 ans.
Pour eux plus particulièrement se pose le problème de veiller sur leurs proches à distance.

Prendre soin de ses parents est une obligation légale, on parle de « l’obligation alimentaire » qui est une aide matérielle à fournir à un parent ou un beau-parent qui est dans la difficulté pour assurer ses besoins fondamentaux (logement, nourriture, soins, dépenses courantes…).
Mais au-delà de l’obligation matérielle, il y a la volonté d’accompagner les proches âgés face aux défis du vieillissement. Le deuil, l’éloignement des proches, la perte progressive d’autonomie, peut engendrer un sentiment de solitude. Vivre loin de ses proches âgés ne facilite pas l’accompagnement.

Les sentiments auxquels sont confrontés les expatriés éloignés de leurs proches âgés.

I – La crainte de l’isolement des seniors

L’un des premiers défis auxquels sont confrontés les expatriés est l’isolement social de leurs proches âgés. Les seniors sont souvent confrontés à une solitude grandissante, surtout après la perte de leur conjoint ou l’éloignement des enfants.

Pour les expatriés, cette situation est particulièrement difficile à vivre car il est compliqué d’intervenir rapidement ou de s’assurer que leurs parents ou grands-parents ne souffrent pas de cet isolement, un facteur reconnu pour son impact négatif sur la santé mentale et physique.

Et la crainte est fondée puisque les chiffres du « Baromètre 2021 Petits Frères des Pauvres Solitude et isolement, quand on a plus de 60 ans en France »* sont alarmants :

• 530 000 personnes âgées sont en situation de mort sociale,
• 36 % de personnes âgées se sentent seules fréquemment. Soit 6,5 millions de personnes.
• 14 % de personnes âgées se sentent seules tous les jours ou très souvent. Soit 2,5 millions de personnes.
• 6,5 millions de personnes âgées de 60 ans et plus n’ont personne à qui parler de choses intimes.
• Perdre ses proches est la préoccupation première pour plus de 14 millions de personnes âgées.

Ces chiffres sont terribles, d’autant que la population des seniors en France augmente. La part des personnes âgées de 60 ans ou plus sera de 31,1 % en 2030 contre 20,6 % en 2000.

Pour ceux qui vivent loin, la distance complique la gestion quotidienne des besoins de leurs proches âgés restés en France, et nombreux sont les expatriés qui vivent difficilement l’éloignement.

II – L’inquiétude pour la santé de leurs proches.

La santé de leurs proches âgés est souvent une source d’inquiétude permanente. Les expatriés se demandent régulièrement si leurs parents ou grands-parents sont en bonne santé, s’ils sont bien accompagnés, ou s’ils reçoivent les soins nécessaires. Le fait de ne pas pouvoir vérifier personnellement les choses accentuent ce stress.

III – Le sentiment d’impuissance

La distance géographique crée un sentiment d’impuissance chez les expatriés, qui se sentent incapables de réagir face à une urgence ou de fournir une aide quotidienne à leurs proches. Même en organisant des appels réguliers, ils se demandent souvent si leurs parents leur disent tout, ou s’ils cachent certaines difficultés pour ne pas les inquiéter.

IV – La culpabilité de « l’absence »

L’éloignement géographique peut faire naître un sentiment de culpabilité, surtout lorsque les expatriés réalisent que leurs proches âgés font face à des difficultés qu’ils ne peuvent pas résoudre à distance. Ce sentiment est d’autant plus présent lorsque les expatriés manquent des événements importants comme des anniversaires, des fêtes de famille, ou lorsque leurs parents ont besoin d’une aide immédiate. La frustration de « ne pas être là » peut peser lourd sur le bien-être moral des expatriés eux-mêmes.

V – Les tensions familiales liées à l’éloignement

Dans certaines familles, l’expatriation d’un membre peut entraîner des tensions, notamment si d’autres membres de la famille, restés en France, doivent gérer seuls les besoins des parents âgés. Les frères et sœurs ou autres membres proches peuvent ressentir le poids de la responsabilité et parfois reprocher à celui qui vit loin de « ne pas en faire assez ».

Cette situation peut engendrer des conflits familiaux et ajouter une pression supplémentaire pour l’expatrié, qui se sent déjà déchiré entre sa vie à l’étranger et ses responsabilités familiales en France.

VI – La gestion des urgences et des imprévus

Un autre défi pour les expatriés est la gestion des urgences. Un appel en pleine nuit, une chute ou une hospitalisation de dernière minute sont des situations que redoutent ceux qui vivent loin. La peur de ne pas pouvoir intervenir à temps ou d’être informé trop tard contribue à un sentiment d’angoisse constant.

VII – La nostalgie et l’envie de revenir

L’éloignement peut également raviver la nostalgie et l’envie de revenir en France. Certains expatriés envisagent parfois de rentrer définitivement pour être plus proches de leurs proches âgés. Mais cette décision est souvent difficile à prendre, car elle implique de renoncer à des projets professionnels ou familiaux à l’étranger.

Ces problématiques créent chez les expatriés des émotions fortes, qui, sur le long terme, peuvent affecter leur bien-être.

Oser aborder le sujet du vieillissement :
Anticipation – Dialogue – Prévention 

Pas de tabous… Nous serons tous vieux un jour !

Vieillir est une étape naturelle de la vie. Mais il est essentiel de ne pas attendre d’être confronté à des problèmes pour agir. L’anticipation et la prévention sont les clés pour garantir à vos parents un vieillissement dans les meilleures conditions possibles.

Parler de ces sujets avec ses parents peut parfois être délicat. Personne n’aime se sentir vulnérable ou être perçue comme « âgé ». Pourtant, aborder ces questions tôt, de manière constructive et bienveillante, peut faire toute la différence.
Il ne s’agit pas de pointer des fragilités, mais d’accompagner ses proches à rester maîtres de leur autonomie et de leur quotidien.

… Parce qu’être loin ne veut pas dire être absent.

Anticiper, c’est montrer à vos parents que vous êtes là pour eux, même à distance, et que vous souhaitez leur offrir la sérénité d’une vie bien organisée.

Comment vieillir en bonne santé :
Les clés pour maintenir l’autonomie des seniors

Le vieillissement n’est pas synonyme de déclin inévitable. Grâce à des pratiques adaptées et une attention particulière à certains aspects clés, les seniors peuvent préserver leur autonomie et leur qualité de vie bien plus longtemps. Voici les piliers d’un vieillissement réussi et les solutions à envisager :

• Bien dans sa tête : activités cognitives
• Bien avec les autres : activités sociales
• Bien dans son corps : activités physiques
• Bien manger : apport en protéines
• Bien voir, bien entendre et bien dormir

Connaissez-vous ICOPE ?

ICOPE est un programme développé par l’OMS qui a pour objectif de retarder la dépendance en repérant précocement les facteurs de fragilité des seniors. Une application sur laquelle les seniors peuvent s’évaluer, devenant acteur de leur santé. Un questionnaire simple et ludique à faire dès 60 ans !

Suite à cette étape, si une anomalie est détectée, une évaluation est proposée par un professionnel de santé. Cette évaluation doit être faite chaque année pour identifier les précocement les déficiences.

Quelques exemples de points à anticiper :

• Avec l’âge, on sait combien chuter peut devenir dangereux.
  En France, les chutes des personnes âgées entraînent chaque année plus de 100 000 hospitalisations et plus de 10 000 décès. Ces chutes ont des conséquences physiques, psychologiques, sociales et marquent une rupture dans la vie des individus et une perte d’autonomie.

• Prévoir l’aménagement du domicile.
  Depuis le 1^er janvier 2024, « MaPrimeAdapt’ », une prime sous condition de ressource pour adapter le logement des personnes en perte d’autonomie.

• Anticiper et parler du jour où il ne sera plus possible pour votre proche d’utiliser sa voiture.
  Parce que cette étape peut être vécue comme une véritable perte de liberté, il faut l’anticiper et l’accompagner. Se renseigner sur les transports solidaires disponibles dans la région,

• Créer un profil sur les sites de covoiturage.
• Identifier dans le voisinage des personnes de confiance qui pourraient covoiturer pour aller faire des courses ou des activités

A lire : Arrêt de la Conduite pour les Personnes Âgées : Risques, Conséquences Psychologiques et Conseils pour une Transition Sereine

• Vérifier si votre parent est à jour de ses soins buco dentaires.
  Une bouche saine permet de continuer à bien s’alimenter, mais c’est aussi essentiel pour maintenir la confiance en soi. La perte de dents peut avoir un impact sur la confiance en soi, on n’ose plus sourire et parfois, on s’isole.

• Parler de la dénutrition et des solutions pour maintenir une alimentation équilibrée qui répond aux besoins journaliers. En effet, en vieillissant, nos proches âgés peuvent avoir moins d’appétit, une perte du gout ou encore des troubles de la mastication.

• Se renseigner sur les portages de repas auprès de la mairie ou d’entreprises privées spécialisée.
• Il est aussi conseillé de surveiller son poids. Pour ce faire, invitez votre proche âgé à se peser toutes les semaines. Une baisse de poids significative invite à consulter un médecin.

• Vérifier l’audition de vos proches âgés, ne pas entendre correctement isole et la perte auditive liée à l’âge peut engendrer un sentiment de solitude, de dépression et même un déclin cognitif.
  A lire : Perte auditive liée à l’âge : la prévenir et l’identifier.

• Inciter vos proches à pratiquer une activité physique régulière, cela a un effet bénéfique sur la santé globale : sur le plan physique, psychologique et social. Ses bienfaits sont largement prouvés. Une pratique régulière permet de prévenir les chutes, rompre l’isolement social et favoriser le maintien de l’autonomie.

• Les grandes villes de France proposent des programmes spécifiques pour encourager les seniors à rester actifs.

• Senior en forme à Lyon
• Atout’âge à Marseille
• Activ’ seniors à Nantes
• Sport pour tous à Strasbourg
• Bouger pour bien vieillir à Paris
• Senior en mouvement à Toulouse

• Les plus petites communes le font aussi via leur Centre Communal d’Action Sociale (CCAS). Se rendre sur le site de la mairie pour voir les animations proposées.

Les solutions pour aider les expatriés à veiller sur leurs proches âgés en France

Heureusement, des solutions existent aujourd’hui pour aider les expatriés et tous ceux qui vivent loin à maintenir le lien avec leurs proches âgés et veiller sur leur bien-être à distance.

I – Les outils numériques pour rester connecté

Les technologies modernes facilitent la communication à distance. Les applications d’appels vidéo comme Zoom, Skype ou WhatsApp permettent de rester en contact avec leurs parents ou grands-parents. Ces échanges visuels apportent une dimension humaine, permettant d’observer des signes de fatigue ou d’isolement.

Mais encore faut ‘il que les personnes âgées maitrisent l’utilisation de ces outils.

• 3,6 millions de personnes âgées sont toujours exclues du numérique*

Les objets connectés, tels que les montres de santé ou les détecteurs de chute, peuvent aussi aider à surveiller à distance certains paramètres de santé.

II – Mettre en place une routine de communication régulière

Il est important pour les expatriés d’organiser des appels réguliers avec leurs parents ou grands-parents pour maintenir le lien et s’assurer qu’ils se sentent soutenus. Ces moments d’échange sont essentiels pour éviter que les seniors ne se sentent délaissés ou isolés.

Donner du temps aux échanges, écouter, laisser parler pour identifier à distance les petits tracas du quotidien dont vos proches ne vous parlent pas pour ne pas vous inquiéter.

III – S’appuyer sur un réseau local de soutien

Il est conseillé de s’entourer d’un réseau de soutien local. Les amis, les voisins, mais aussi les professionnels de santé locaux qui peuvent jouer un rôle essentiel en cas de besoin urgent. Ces personnes peuvent également être une source d’information fiable sur l’état de santé ou le moral de vos proches. Les identifier, maintenir le lien avec ces personnes peut permettre une intervention rapide et cela permet d’être rassuré en cas de problème. Solliciter le CCAS de la commune pour connaitre les dispositifs locaux dont peut bénéficier votre proche pour être aidé à domicile.

IV – Les services d’accompagnement à distance

Pour rompre l’isolement des personnes âgées, les appels de convivialité, ou des appels de courtoisie sont proposés par des associations et les CCAS des communes. Des bénévoles anonymes prennent contact avec les personnes âgées pour leur offrir ponctuellement un temps d’écoute et rompre leur solitude.

Des acteurs de la téléassistance proposent des options payantes pour recevoir un appel de courtoisie en complément de leur abonnement en télé assistance.

Pour aller plus loin, Ecoute et Compagnie offrent une solution idéale pour veiller sur ses proches à distance. Un service de « Dame de compagnie par téléphone » pour les séniors. Un abonnement pour recevoir les appels téléphoniques réguliers d’une accompagnante dédiée. Cela permet non seulement de briser la solitude des seniors, mais aussi de rassurer les familles qui vivent loin ou expatriées à l’étranger.

Maintenir le lien avec ses proches malgré la distance

Les expatriés français vivant à l’étranger sont confrontés à des défis émotionnels et logistiques lorsqu’il s’agit de veiller sur leurs parents ou grands-parents restés en France.

Vivre à l’étranger tout en veillant sur ses proches âgés restés en France peut paraitre insurmontable, et peut engendrer un sentiment de culpabilité qui pousse à envisager un retour en France. Mais il existe des solutions. En combinant technologies modernes, soutien local et services professionnels comme Ecoute et Compagnie, il est possible de garantir le bien-être de ses proches tout en vivant sereinement son expatriation.

Nous retiendrons en conclusion que l’anticipation, la prévention et le dialogue sont à mettre en place le plus tôt possible afin de partir serein en expatriation.

Article publié le 28 11 2024

Caroline Meuclet
Fondatrice Ecoute et Compagnie
Service de veille et de soutien des séniors