Rapport OMS mai 2025 :
Pourquoi le lien social est un impératif de santé publique.

Le 23 mai 2025 restera une date charnière en santé publique :
l’OMS a adopté sa toute première résolution sur le lien social, reconnaissant officiellement la santé relationnelle comme un pilier aussi essentiel que la santé physique et mentale.
Fruit de trois ans de travaux menés par la Commission OMS réunissant les 194 États membres, le rapport publié marque une victoire collective pour tous ceux qui, depuis des années, œuvrent pour rappeler que la solitude est une crise de santé publique et que le lien social est la solution.

Pourquoi l’OMS a lancé la Commission sur le lien social : enjeux et objectifs

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est l’agence spécialisée des Nations unies chargée de coordonner la santé publique mondiale depuis 1948. Confrontée à des données de plus en plus accablantes montrant qu’une personne sur six souffre de solitude persistante et que l’isolement social accroît de 20 % le risque de décès prématuré, l’OMS a jugé nécessaire de mobiliser une Commission dédiée afin :

  • D’évaluer l’ampleur, les déterminants et les conséquences de la rupture des liens sociaux à l’échelle mondiale,
  • De fonder sur des preuves un plan d’action pour guider les États membres dans la prévention de l’isolement,
  • De sensibiliser décideurs et populations à la crise silencieuse de la solitude, jusqu’alors sous-estimée en santé publique.

Pour mener cette mission, l’OMS a :

  • Mandaté un groupe d’experts et de représentants des 194 États membres,
  • Coordonné les travaux et garanti la rigueur scientifique du rapport,
  • et accompagné les pays dans la mise en œuvre du plan d’action, avec un soutien technique et des bilans prévus en 2027, 2029 et 2031.

Le projet a été porté par le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, avec la co-présidence du Dr Vivek Murthy (Surgeon General des États-Unis) et de Ms Chido Mpemba (Union africaine pour la jeunesse).

Qu’est-ce que le lien social ? Définition et enjeux clés

Le rapport de la Commission OMS (mai 2025) définit le lien social comme l’ensemble des relations interpersonnelles se déclinant selon trois dimensions indissociables :

  • la dimension structurelle, qui mesure la taille et la fréquence des contacts (nombre de personnes et régularité des échanges) ;
  • la dimension fonctionnelle, qui renvoie au type et à la qualité du soutien apporté (soutien émotionnel, information, aide pratique) ;
  • la dimension qualitative, qui évalue la perception de confiance, de respect et de bienveillance au sein de ces relations.

Ensemble, ces trois dimensions façonnent la capacité des individus à puiser dans leur réseau social un appui réel, protègent contre la détresse psychologique et contribuent à la prévention de maladies chroniques, faisant du lien social un déterminant majeur de santé publique.

Il distingue clairement le lien social de l’isolement social (manque objectif de relations) et de la solitude (expression subjective du vide relationnel).

Lien social, isolement social et solitude : définitions

Le rapport de la Commission OMS insiste sur l’importance de bien distinguer trois notions souvent confondues :

  • Lien social : recouvre à la fois la dimension structurelle (taille et fréquence du réseau de contacts), la dimension fonctionnelle (qualité et type de soutien apporté : émotionnel, matériel, information) et la dimension qualitative (sentiment de confiance et de bienveillance échangé) .
  • Isolement social : correspond à un manque objectif de relations, c’est-à-dire l’absence ou la rareté concrète d’occasions d’échanges et de rencontres (faible nombre d’interactions sociales) .
  • Solitude : est un ressenti subjectif ; même entourée, une personne peut éprouver cette sensation de vide relationnel, de déconnexion émotionnelle ou de non-appartenance .

Cette différenciation est essentielle : on peut agir sur l’isolement social (en multipliant les occasions de contact), mais combattre la solitude exige en plus d’améliorer la qualité et la profondeur des échanges pour répondre au besoin émotionnel de chacun.Bas du formulaire

Isolement social : chiffres clés et populations

Selon l’OMS, entre 2014 et 2023, 1 personne sur 6 a déclaré ressentir une solitude persistante, avec un pic à 20,9 % chez les 13–17 ans et jusqu’à 24 % dans certains pays à faibles revenus . Parmi les plus exposés :

  • Adolescents et jeunes adultes (13–17 ans et au-delà) 20,9 % d’entre eux ressentent une solitude persistante, liée aux ruptures de réseaux scolaires et amicaux lors des passages de classe et de l’entrée à l’université ou sur le marché du travail.
    L’usage intensif du numérique, sans formation aux bonnes pratiques, conduit souvent à des interactions superficielles qui ne répondent pas aux besoins émotionnels profonds.
    Les mobilités géographiques pour études ou emploi et les transitions de vie propres à cette période (premier logement, début de vie active) sont autant de facteurs de rupture du lien social, soulignant la nécessité de programmes dédiés (ateliers de socialisation, mentorat, clubs de loisirs).
  • Seniors dépendants, notamment en zones rurales où jusqu’à 10 % vivent un déficit de lien social. Les auteurs soulignent que la transition vers la retraite, la perte d’autonomie et la disparition progressive des réseaux familiaux et professionnels réduisent drastiquement la dimension structurelle du lien social chez les plus de 65 ans.
    Ce phénomène s’accompagne d’une augmentation du risque de troubles cognitifs et de démence, la solitude aggravant la vulnérabilité face au déclin mental.
  • Groupes vulnérables : personnes en situation de handicap, migrants, ménages à faibles revenus.

Pour les seniors, le rapport recommande des interventions ciblées—création d’espaces conviviaux de proximité et programmes d’accompagnement humain—afin de compenser la réduction de leur réseau et de prévenir l’isolement profond.

C’est ce que nous avons identifié et ce pourquoi nous œuvrons chaque jour chez Ecoute et compagnie. Un service personnalisé d’appels de convivialité pour veiller sur les personnes âgées et leur apporter au fils des semaines une relation de qualité avec un accompagnant dédié et joignable en cas de besoin.

Isolement social et solitude : causes identifiées par le Rapport OMS 2025

Le rapport de la Commission OMS identifie quatre grandes familles de déterminants, qui se combinent souvent pour éroder progressivement nos réseaux sociaux :

  1. Transitions de vie majeures
    La retraite, le déménagement ou la perte d’un être cher rompent brutalement les routines relationnelles instaurées depuis des années. Ces événements, s’ils ne sont pas accompagnés d’initiatives de reconstruction de réseau, laissent souvent un vide durable dans la dimension structurelle du lien social.
  2. Contraintes individuelles
    La détérioration de la santé, qu’il s’agisse de maladies chroniques ou d’une mobilité réduite, empêche de participer aux activités collectives, tandis que des ressources limitées (revenus modestes, absence de véhicule) restreignent l’accès aux lieux de sociabilité et aux transports publics.
  3. Environnement et infrastructures sociales
    Dans de nombreuses régions, la fermeture de bibliothèques, de centres communautaires ou de cafés associatifs prive les habitants de points de rencontre informels. L’insuffisance des transports en commun, particulièrement en zones rurales et périurbaines, aggrave ce manque d’occasions de se réunir “en vrai”.
  4. Impacts de la digitalisation
    Si les technologies numériques offrent un accès rapide à l’information et à la communication à distance, leur usage massif peut conduire à des interactions superficielles. Le rapport pointe le risque que la connexion virtuelle remplace les échanges en face-à-face, sans pour autant combler les besoins émotionnels profonds des individus.

En combinant ces facteurs, la société moderne crée un terreau propice à la montée de l’isolement et de la solitude.

Manque de lien social : Impacts sur la santé et la société

  • Risque de mortalité prématurée
    Le rapport révèle que, chaque année entre 2014 et 2019, 871 000 décès sont directement attribuables à la solitude et à l’isolement social dans le monde. Cette surmortalité s’explique par une hausse significative du risque de maladies cardiovasculaires, d’accidents vasculaires cérébraux et de diabète chez les personnes privées de soutien relationnel suffisant. De plus, la solitude accroît de 20 % le risque de décès prématuré, un effet comparable à des facteurs de risque majeurs comme le tabagisme ou l’obésité.
  • Conséquences sur la santé mentale
    Le déficit de lien social a également un impact lourd sur la santé mentale : il favorise l’apparition ou l’aggravation de troubles dépressifs et anxieux, augmente le risque de comportements suicidaires et peut accélérer le déclin cognitif menant à la démence. Les personnes isolées déclarent plus fréquemment des symptômes de détresse psychologique et une moindre résilience face aux événements stressants, ce qui confirme que la qualité des relations est un facteur protecteur essentiel contre ces troubles.
  • Coûts économiques et sociaux
    Au-delà de ses effets sur la santé individuelle, la solitude génère des coûts économiques importants : absentéisme accru, baisse de productivité, surcharge des systèmes de soins. Les organisations subissent un turnover plus élevé et des arrêts de travail plus fréquents, tandis que les collectivités doivent faire face à des dépenses croissantes liées à la prise en charge des complications médicales et psychologiques de l’isolement. Ces conséquences soulignent l’intérêt d’investir dans des politiques et programmes de renforcement du lien social comme mesure de prévention rentable à l’échelle nationale.

Pour en savoir plus, consultez nos articles
   – La dépression chez les seniors
   –  Comprendre et accompagner le processus de deuil chez les seniors
  – La retraite comment éviter l’isolement et donner du sens à cette nouvelle phase de vie

Recommandations de l’OMS : Quatre leviers d’action

    Le résumé en langage clair de la Commission OMS (mai 2025) identifie quatre axes prioritaires, assortis de pistes concrètes à mettre en œuvre par les gouvernements, les collectivités et les acteurs de terrain :

      1. Mobilisation et plaidoyer
        Développer des campagnes nationales et locales pour faire reconnaître la solitude comme enjeu de santé publique, en associant médias, leaders d’opinion et secteur privé afin de diffuser un message fort sur l’importance du lien social.
      2. Politiques « whole-of-society » (mobilisant l’ensemble de la société)
        Intégrer le lien social dans les plans nationaux de santé, d’éducation et d’aménagement du territoire, via des instances interministérielles, des budgets dédiés et des partenariats public-privé, afin de garantir une coordination à l’échelle de toute la société.
      3. Actions communautaires
        Soutenir la création et l’animation d’espaces conviviaux (maisons de quartier, bibliothèques, parcs, cafés solidaires) et promouvoir des programmes intergénérationnels (mentorat, ateliers culturels, jardins partagés) pour retisser des liens de proximité.
      4. Interventions individuelles
        Former et mobiliser des professionnels et bénévoles (aidants formels et informels, assistants sociaux, travailleurs de première ligne) à l’écoute active et à la prescription sociale, c’est-à-dire à l’orientation des personnes vers des activités de lien social adaptées à leurs besoins.

    Ces leviers, à déployer de concert, posent les bases d’une approche systémique pour faire du lien social un véritable pilier de santé publique.

    Outils digitaux pour rompre l’isolement : opportunités et limites

      Les outils numériques (applications, plateformes, agents conversationnels) peuvent faciliter l’accès au soutien et offrir un anonymat propice à la parole.
      Toutefois, l’OMS rappelle l’absence de preuves solides de leur efficacité, les risques de fracture numérique et les enjeux de protection des données : ils doivent rester strictement complémentaires à la relation humaine.

      Le rapport souligne que la richesse d’un échange authentique demeure irremplaçable, et que les outils numériques ne doivent intervenir qu’en appui de la relation interpersonnelle.

      Actions concrètes pour recréer du lien social : guide du Rapport OMS 2025

      Au quotidien, réengagez-vous dans votre réseau : téléphonez à un ami pour prendre de ses nouvelles, invitez un voisin à partager un café ou retrouvez un membre de la famille que vous n’avez pas contacté depuis longtemps.

      Dans votre territoire, profitez de la prescription sociale : demandez à votre médecin ou travailleur social de vous orienter vers des activités de cohésion (groupes de marche, atelier de jardin partagé, club de lecture), ou rapprochez-vous des espaces conviviaux (maisons de quartier, bibliothèques, parcs) pour rejoindre des événements intergénérationnels.

      Le rapport souligne que la richesse d’un échange authentique demeure irremplaçable pour les jeunes comme pour tous, et que les outils numériques ne doivent intervenir qu’en appui de la relation humaine authentique

      Pour les seniors, lorsqu’un risque de solitude relationnelle est détecté, Écoute et Compagnie propose un soutien téléphonique régulier, assuré par des professionnels formés à l’écoute active.
      Ce suivi moral, complémentaire aux interventions du secteur sanitaire et social, mais aussi complémentaire au soutien des proches aidants permet d’assurer une vigilance bienveillante.
      Une « dame de compagnie  » toujours la même, appelle chaque semaine et peut être joignable en cas de besoin. Un lien est créé, un lien régulier et de qualité pour répondre au besoin de la personne âgée. Ce service accessible sur tout le territoire français est éligible au crédit d’impôt.

      Solitude et isolement : vers une prise de conscience mondiale et un appel à agir

      Aujourd’hui, face à 871 000 décès attribuables à la solitude et à l’isolement social — une moyenne annuelle calculée sur la période 2014–2019 — et à une surmortalité de 20 %, les nations reconnaissent enfin que la solitude est une crise de santé publique aussi grave que le tabagisme ou l’obésité.

      De Paris à Nairobi, des politiques mobilisant l’ensemble de la société émergent : coordination interministérielle, budgets dédiés, prescription sociale et création d’espaces conviviaux pour retisser le lien à tous les âges. Ce formidable mouvement global nous rappelle que personne n’est à l’abri d’une rupture de réseau social.

      Chaque geste compte : un sourire, un appel ou une simple invitation peut suffire à briser la solitude relationnelle.

      Chez Écoute et Compagnie, nous nous engageons pour maintenir des liens de qualité. Nous observons chaque jour combien être à l’écoute est un acte de soin : Nos appels de convivialité personnalisés offrent un soutien moral régulier aux seniors, complétant l’attention des proches et des soignants.

      Agissez dès aujourd’hui

      • Appelez un ami ou proposez un moment de partage à un voisin.
      • Contactez votre CCAS ou une association locale pour rejoindre ou lancer des initiatives.
      • Pour vos aînés, testez deux appels offerts par Écoute et Compagnie et découvrez la force des appels de courtoisie personnalisés.

      Ensemble, transformons cette prise de conscience mondiale en actions concrètes : le lien social n’est pas un luxe, c’est un impératif de santé publique.

      Questions fréquentes

      Qu’est-ce que la résolution sur le lien social ?

      C’est la première décision de l’OMS (23 mai 2025) reconnaissant le lien social comme déterminant de santé publique, accompagnée d’un plan mondial d’action.
      La Commission de l’OMS sur le lien social a été créée pour que cette question soit reconnue comme une priorité de santé publique mondiale et que des ressources lui soient allouées.
      Le rapport,
      – explique ce que nous savons sur le lien social, l’isolement et la solitude – l’ampleur du problème, ses causes et la manière dont il nous affecte
      – identifie les solutions qui fonctionnent.
      – propose une marche à suivre pratique avec des étapes claires pour aider les gouvernements à lutter contre l’isolement social et la solitude et à soutenir les personnes du monde entier pour qu’elles se sentent plus proches les unes des autres.

      Qui a rédigé le rapport et sur quelle période ?

      Des experts et représentants des 194 États membres de l’OMS

      Combien de décès annuels sont attribuables à la solitude ?

      Selon le Résumé en langage clair : Rapport de la Commission OMS sur le lien social (mai 2025), on estime à 871 000 décès par an (moyenne 2014–2019) le nombre de morts liées à la solitude et à l’isolement social dans le monde.

      Comment agir concrètement pour rompre la solitude ?

      Au quotidien, prenez le temps d’appeler un proche ou de rendre visite. Localement, rapprochez-vous du CCAS ou d’une association. 
      Écoute et Compagnie, est un service d’appels de convivialité personnalisés. Service éligible au crédit d’impôt.

      Qu’est-ce que le lien social ?

      Le lien social couvre trois dimensions indissociables : structurelle (taille et fréquence du réseau), fonctionnelle (soutien apporté) et qualitative (confiance et bienveillance partagée).

      Qu’entend-on par isolement social ?

      L’isolement social désigne un manque objectif de relations, c’est-à-dire l’absence ou la rareté concrète d’occasions d’échanges et de rencontres (faible nombre d’interactions sociales).

      Différence entre la solitude et l’isolement social ?

      La solitude est un ressenti subjectif : même lorsqu’une personne est entourée, elle peut éprouver un vide relationnel, une déconnexion émotionnelle ou un sentiment de non-appartenance, ce qui nécessite d’agir non seulement sur la quantité, mais aussi sur la qualité et la profondeur des échanges.

      Quels sont les principaux facteurs déclencheurs de l’isolement social et de la solitude selon le Rapport OMS 2025 ?

      Le Rapport OMS (mai 2025) identifie quatre grandes catégories de déterminants

      1. Transitions de vie majeures – retraite, déménagement, deuil qui rompent les routines sociales
      2. Contraintes individuelles – santé fragile, mobilité réduite, ressources économiques limitées limitant l’accès aux échanges
      3. Déficits d’infrastructures – transports publics insuffisants et fermeture de lieux de rencontre (centres communautaires, bibliothèques).
      4. Impacts de la digitalisation – usage excessif des écrans pouvant remplacer les échanges qualitatifs par des interactions superficielles.
      Qu’est-ce que la prescription sociale en France ?

      Encore peu déployée en France, la prescription sociale consiste à orienter les patients vers des activités et ressources non médicales (ateliers, groupes de marche, soutien social) pour combattre l’isolement social.
      Chez Écoute et Compagnie, nous proposons un service téléphonique d’appels de convivialité, éligible au crédit d’impôt, pour soutenir et rompre la solitude des personnes âgées. Cette solution complémentaire renforce la prévention et s’inscrit dans l’esprit de la prescription sociale plébiscitée par l’OMS.

      Quel rôle pour les outils numériques face à la solitude ?

      L’OMS reconnaît leur potentiel pour faciliter l’accès au soutien et offrir un anonymat propice à la confidence, mais aucune preuve solide n’en garantit l’efficacité pour faire face à la solitude. Ces outils doivent rester strictement complémentaires à la relation humaine.

        Le lien social n’est pas un luxe, c’est un impératif de santé publique.

        par | Publié le 02/07/2025